Roseline Lê Minh s'est consacrée, avec une énergie de titan, à une oeuvre qui compte aujourd'hui quelques centaines de toiles. Certaines de fort petites dimensions, d'autres réellement monumentales. D'abord construite à partir des formes d'une semi-abstraction, elle s'est progressivement départie de toute allusion ou référence au réel pour trouver son plein épanouissement dans ce qu'elle appelle une "abstraction magique". Magique dans la mesure où, libérée de toute contrainte figurative, le peintre peut se laisser emporter par l'exaltation du travail, par les manifestations du hasard mais en les soumettant toujours à une volonté plus forte, à une technique qui échappe à tout effet aléatoire. Cette technique, l'artiste la peaufine inexorablement. Dans une intimité avec la couleur, dans l'introspection de la matière et par cette sorte de fulmination à peine contenue de la surface, Roseline Lê Minh s'est lancée dans l'étude de ce qu'elle nomme "les vibrations de la texture". Petit à petit, les tonalités se sont estompées au profit de la seule palpitation de la matière. Les dernières compositions de l'artiste marquent une tendance très nette à la monochromie, voire à l'absence de couleur. Ce qui animait la couche picturale par une sorte de vie sous-jacente, émergeant ça et là en un réseau de craquelures, s'impose maitenant comme la structure même de la composition. Ainsi, les toiles blanches se multiplient, jouant sur les "ruptures" innombrables de la couche picturale. D'autres oeuvres de la même veine privilégient un relief aux allures de relevés orographiques, sous forme de coulées de matière qui traversent la toile. La peinture de Roseline Lê Minh est une suite de moments d'intense liberté qui portent l'empreinte de sa joie de peindre, de sa victoire sur la toile et sur la matière, et d'une énergie étourdissante.

Didier Paternoster /Critique d'art.

BIOGRAPHIE.
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